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ASCAL 45

Les chiens de chasse menacés par une maladie transmise par les sangliers

Les chiens de chasse menacés par une maladie transmise par les sangliers (www.leberry.fr)
Illustration sanglier et chien de chasse. - COUDERC Bruno

Illustration sanglier et chien de chasse. - COUDERC Bruno

La maladie d’Aujeszky n’est pas transmissible à l’homme, mais foudroie les chiens de chasse en contact direct avec des sangliers infectés. Et ils sont nombreux dans le Cher, surtout en Sologne.

A l’autre bout du fil, le docteur Francis Périn parait un brin désarmé à la seule évocation du défilé, dans sa clinique vétérinaire à Salbris, de chiens blessés à la chasse. « Dimanche dernier, j’ai eu à recoudre huit chiens. Une journée interminable, se souvient-il. Des blessures équivalentes à celles engendrées par un éclat d’obus chez un être humain. J’ai passé quatre heures sur un chien qui présentait pas moins de huit plaies provoquées par la charge d’un sanglier : à la cuisse, à l’épaule, à la gorge, à la paroi abdominale. »

Le lot dominical de ce vétérinaire qui, fin 2012, a pourtant constaté une nouveauté ou plutôt un retour dans la région, celui de la maladie d’Aujeszky. Deux chiens contaminés lors de chasses aux sangliers en Sologne sont passés entre ses mains. L’un est décédé des suites de ses blessures, le deuxième a dû être euthanasié pour abréger ses souffrances. « Je n’avais plus vu ou entendu parler de la maladie d’Aujeszky depuis plus de dix ans », reprend le vétérinaire qui attend toutefois la confirmation des résultats des analyses des laboratoires. Dans le Cher, selon la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), aucun cas n’a été recensé.

Aujeszky. Un nom difficile à prononcer, des symptômes insoutenables à écouter. « Le chien est contaminé avec l’ingestion de sang ou de tissu du sanglier infecté. Le virus provoque chez le chien une encéphalite. L’incubation évolue entre deux et sept jours. S’ensuivent des démangeaisons très violentes à la tête, des troubles du comportement qui poussent le chien à s’automutiler. Il n’existe pas de remède à cette maladie d’Aujeszky foudroyante. »

Et pas si surprenante. En Sologne, « 32 % des sangliers sont séropositifs, reprend le vétérinaire. En 2000, le chiffre n’était que de 19,6 %. Finalement, la Sologne est une sorte de parc fermé entre autoroutes, et qui dit densité animale, dit développement de la contamination. »

Comment dès lors dans ces conditions éviter que la maladie d’Aujeszky ne fasse plus de victime qu’elle n’en a déjà fait ? « C’est très difficile, tranche le docteur Francis Périn. Peut-être faudrait-il réduire le nombre de chiens lors d’une chasse, surtout quand on sait qu’un seul sanglier blessé peut mettre au tapis douze chiens. Mais en même temps les aboiements de la meute font partie de la chasse, du folklore. Il faudrait aussi changer les mentalités en faisant comprendre aux chasseurs qu’un chien très mordant n’est pas un bon chien de chasse et que, de fait, il s’expose plus au contact direct avec un sanglier contaminé. »

Pour Christophe Bouilly, technicien à la Fédération départementale des chasseurs du Cher, de solution miracle pour éradiquer les risques de contamination, il n’existe. « Sur le papier, c’est simple. En réalité, c’est bien plus compliqué. La réduction du nombre de chiens lâchés, cela paraît difficile. En Sologne, la chasse se fait sur des terrains sales, avec énormément de végétation et nécessite un certain nombre de chiens. C’est toujours très malheureux de perdre un chien, que ce soit avec la maladie d’Aujeszky ou quand il poursuit un lapin ou une perdrix sur la route et se fait renverser par une voiture. Mais c’est la chasse… »

Christophe Bouilly ne saurait proposer de panacée. Mais avance une préconisation rabâchée par la fédération à ses membres. « Les chiens étant contaminés s’ils consomment de la viande ou des viscères de sanglier séropositif, ils doivent, pour limiter les risques, être enfermés en voiture ou en chenil lors de l’éviscération du sanglier. J’ai l’impression que les chasseurs entendent ce message. Maintenant, on ne peut pas le nier : tout le monde sur la route ne roule pas à 90 kilomètres par heure quand le panneau l’impose. Pour la chasse, c’est pareil. Il y aura toujours des personnes à la marge qui ne veulent rien entendre. »

Benjamin Gardel

http://www.leberry.fr/cher/actualite/pays/pays-de-vierzon/2013/02/03/les-chiens-de-chasse-menaces-par-une-maladie-transmise-par-les-sangliers-1429518.html

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