14 Décembre 2012
Se fondre dans la nature, faire confiance à son instinct : tels sont les leitmotivs des chasseurs à l’arc que nous avons suivis ces jours-ci.
Ce jour-là, une journée de chasse commence au domaine de Corgon.
Les participants, venus du Giennois et du Sullias, ne sont pas si ordinaires que cela. Par leurs armes d'abord, des arcs : deux catégories représentées, à mécanismes (à poulies) ou traditionnels (recurved ou droit). Par leurs tenues ensuite : ils sont soigneusement camouflés, selon des dessins et couleurs (sous-bois, feuilles de chêne, ou 3D), il ne s'agit pas d'un déguisement ni d'un signe distinctif, mais d'une nécessité absolue de se fondre dans l'environnement pour laisser l'animal s'approcher au plus près. C'est là la subtilité de cette forme de chasse : disparaître, se fondre dans la nature, ne se référer qu'à son habileté, son instinct, sa discrétion et sa patience.
Les consignes sont rappelées par Arnaud Audiguier, membre du conseil d'administration de l'Ascal (association sportive des chasseurs à l'arc du Loiret) autour d'un petit-déjeuner offert par Muriel Mercadier, en charge des marcheurs et des chiens poussant le gibier.
Ce jour-là, vingt-deux chasseurs sont postés pour flécher les sangliers, deux chevreuils au total, les lièvres et les renards. On ne doit tirer que les jeunes chevreuils et les sangliers au-dessus de 15 kilos, à l'exception de la meneuse.
Quatre marcheurs rabatteurs, vêtus de gilets orange poussent le gibier à l'aide de quatre chiens, dont un teckel. Les dernières informations dispensées, chacun sort s'équiper avant de s'enfoncer dans le froid, pour rejoindre son poste.
Une seule flèche tirée
La matinée s'écoule, ponctuée d'appels, d'aboiements, de sonneries. Quand un animal apparaît, c'est soudainement, sans bruit.
À midi, les trompes sonnent la fin de la chasse. Les participants sortent un à un de la forêt comme d'un songe. Tout le groupe se retrouve devant un grand feu de cheminée pour procéder à l'analyse de la matinée. Pour vingt-deux chasseurs, ont été aperçus quinze chevreuils, quatre sangliers et quatre renards. Une seule flèche a été tirée, sur un chevreuil, sans résultat.
On ne pratique pas cette activité pour faire un « tableau », mais surtout pour s'immerger dans la chasse elle-même.
La chasse à l'arc est un plaisir éminemment solitaire, qui ne prend toute sa valeur que partagé ensuite en communauté. Autour de jolies tables servies par Muriel Mercadier, les hommes, comme dans une parenthèse, partagent leurs expériences du jour avant de retourner dans un autre monde régi par d'autres règles.
Jean-Michel Kalouguine